perce-neige

Ce jour, mon cœur se mit à saigner

Comme le lapin de garenne,

Qu'il vous fallut un jour égorger

Pour sacrifier à la haine.

Court le renard, court la fiancée,

Non, nous ne vivions pas un rêve.

Même si les frimas épargnent les blés,

Jamais ne cessera ma peine.

Notre troupeau devait donner du lait au goût
De réglisse et d'airelles.

Quand ce souvenir vient m'attrister,
Je pense à vous perce-neige.

Alors de la Godivelle à Compains,

On me jure que c'est sortilège.

Que si Belzébuth habite mes reins,
Je peux dire adieu à perce-neige.

Peine perdue pour aimer mon prochain,

Je ne suis plus que congère.

Mon âme triste s'étire au loin
Comme s'étire au loin la jachère.

Rien n'est important, j'écris des chansons

Comme on purgerait des vipères.

Au diable mes rêves de paysan,
Je ne veux plus que cesse la neige.

Si un jour béni qu'à dieu ne plaise

Devait voir cesser nos misères,

Votre assomption mon adorée
Nous aura plongés en enfer.